Léon Bakst (1866-1924)

Virtuose de la couleur, Léon Bakst (1866-1924) a profondément marqué l’histoire du théâtre en raison de l’esthétique picturale qu’il a développée comme décorateur et costumier des Ballets russes. Il participe à un renouveau de la scénographie théâtrale en concevant notamment le décor comme « un tableau dont les personnages ne sont pas encore peints ».  

 

Naissance d’un artiste 

Né le 10 mai 1866 à Grodno (actuelle Biélorussie), Lev Samoïlovitch Rosenberg, prend par la suite le nom de Bakst, dérivé de celui de sa grand-mère, sous lequel on le connaît aujourd’hui. 

 

Portrait de Léon Bakst. Photographie Otto.
Coll. CNCS
 

Léon Bakst avait deux grandes passions : le dessin et le théâtre. Il entre à l’âge de 17 ans (1883) à l’Académie Impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Il y rencontre le peintre Valentin Serov (1865-1911) avec qui il réalisera en 1907 un voyage en Grèce qui influencera ses créations futures. Malheureusement, il est renvoyé de l’Académie pour avoir produit le tableau La Sainte Vierge déplorant le corps du Christ qui ne correspond pas aux critères esthétiques de l’Académie. Il sera, cependant, élu membre de l’Académie sept ans plus tard. 

A partir de 1889 il travaille comme illustrateur pour subvenir aux besoins de sa famille après le divorce de ses parents. C’est à cette même époque qu’il fait la rencontre de Serge Diaghilev. Par ailleurs, il donnera des cours de dessin, notamment dans la prestigieuse école privée de peinture d’Yelizaveta Zventseva, où il aura pour élève Marc Chagall (1887-1985).

En 1898, il participe avec Diaghilev et d’autres artistes russes, à la création de l’association Mir Iskoustva (Le Monde de l’Art) afin de promouvoir un renouveau dans l’art russe. L’association publiera une revue du même nom entre 1898 et 1904 pour laquelle Bakst sera nommé directeur artistique par Diaghilev. 

Sa notoriété en tant que décorateur et costumier de théâtre débute en 1903 avec le ballet La Fée des poupées présenté au Théâtre de l’Ermitage à Saint Pétersbourg. C’est à cette époque qu’il fait la rencontre du danseur Vaslav Nijinsky (1889-1950). 

En 1906, Diaghilev lui confie l’aménagement des 18 salles consacrées à l’art russe au Salon d’Automne de Paris. Il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur pour la réalisation de ces décors en 1907 et sera promu au grade d’officier de la Légion d’honneur six ans plus tard. 

Né en 1907 de son union avec Lioubov Pavlovna Gritsenko (1870-1928), son unique fils André Bakst (1907-1972) exercera une carrière de décorateur et de scénographe pour le théâtre mais surtout pour le cinéma.  

 

Décorateur et costumier des Ballets russes 

A partir de 1909, Léon Bakst fait partie de la troupe des Ballets russes formée par Diaghilev. Ce dernier trouve dans Bakst un collaborateur qui conçoit le costume et le décor comme un ensemble. Il travaillera jusqu’en 1914 en collaboration avec Alexandre Benois en tant que directeur artistique des Ballets russes. 

Son travail est révélé aux yeux du public parisien en 1909 lors de la première saison des Ballets russes au Théâtre du Châtelet, avec le drame chorégraphique Cléopâtre pour lequel il a créé les décors et les costumes. Ce ballet chorégraphié par Michel Fokine, marque un tournant dans l’histoire de la décoration de théâtre en France.   

Pour la seconde saison des Ballets russes, il crée les décors et les costumes de Shéhérazade. Pour cette même saison il crée les costumes des personnages principaux du ballet l’Oiseau de feu ainsi que la scénographie du divertissement Les Orientales et du ballet-pantomime Carnaval. Après cette saison de 1910, Bakst s’installe définitivement à Paris. 

L’année suivante, Bakst conçoit pour les Ballets russes la scénographie du ballet Le Spectre de la rose  (ballet de Jean-Louis Vaudoyer) ainsi que la scénographie et l’argument de Narcisse. Puis, pour la quatrième saison des Ballets russes au Théâtre du Châtelet en 1912, Bakst signe les décors et les costumes des ballets Le Dieu Bleu, Thamar, l’Après-midi d’un faune ainsi que Daphnis et Chloé

La première guerre mondiale freine considérablement l’activité des théâtres. Léon Bakst réalisera néanmoins les costumes et décors du ballet La Belle au bois dormant en 1916 pour des représentations à New-York au théâtre de l’Hippodrome. Cette adaptation du conte de Charles Perrault reviendra à plusieurs reprises dans la carrière de l’artiste. En 1921 Diaghilev lui demandera de réaliser la scénographie du ballet La Belle au bois dormant pour des représentation à l’Alhambra Theatre (Londres). Ce spectacle fut un succès, mais aussi un échec financier qui mène à un conflit entre Bakst et Diaghilev.   

A la suite de ses différents avec Diaghilev, Bakst travaille avec la troupe de l’Opéra de Paris pour laquelle il conçoit en 1922 les costumes et les décors du ballet Artémis Troublée, Puis en 1923 il réalise le livret, les décors et costumes du ballet La Nuit ensorcelée. Cette création est en réalité une provocation destinée à Diaghilev qui l’a écarté des Ballets russes. Pour produire ce ballet, Bakst puise son inspiration dans ses créations antérieures, notamment La Belle au bois dormant, La Fée des poupées, La Boutique fantasque et Carnaval.  

 

Collaboration avec Ida Rubinstein

En parallèle de son activité pour les Ballets russes, Léon Bakst collabore avec d’autres artistes, comme la danseuse, chorégraphe et mécène Ida Rubinstein (1885-1960). Celle-ci fait appel à Bakst à plusieurs reprises pour la création de costumes et de décors pour ses spectacles. En 1924, Léon Bakst compose le livret et la scénographie pour le poème dansé Istar créé en l’honneur du Comité des Jeux Olympiques qui se déroulent à Paris cette année-là. Ce ballet est la dernière réalisation de Bakst, qui décède le 27 décembre 1924 à Paris. 

 

Léon Bakst et la mode 

Parfois surnommé le « Delacroix du costume », Léon Bakst a eu une influence importante dans le domaine de la haute-couture. Le style Bakst se reconnait à l’utilisation de motifs géométriques (damiers, losanges et triangles) ainsi qu’un goût pour les couleurs vives.

En 1913, la couturière française Jeanne Paquin (1869-1936) commande à Bakst une série de modèles pour sa maison de Haute-Couture. À cette même période la maison Paquin confectionne les costumes dessinés par Bakst pour le ballet Jeux de Valsav Nijinsky. Pour la réalisation de cette collection, Bakst s’inspire de l’antiquité avec l’utilisation de longs drapés qui rappelle les toges romaines. On retrouve dans ces tenues les couleurs tranchées et les motifs géométriques propre à l’esthétique de Léon Bakst. Ces tenues ne sont pas sans rappeler les robes des nymphes dans le ballet L’Après-midi d’un faune (1912).  

Le travail de Léon Bakst inspire les créateurs, notamment Yves Saint Laurent, grand admirateur des Ballets russes, qui imagine une collection en 1976 intitulée Opéra – Ballets russes, en hommage aux costumes de Léon Bakst. 

 

Sources :

- AUCLAIR, Mathias. BARBEDETTE, Sarah et BARSACQ, Stéphane [directeurs de publication]. Bakst, des ballets russes à la haute-couture [exposition, Paris, Bibliothèque-Musée de l'Opéra, 22 novembre 2016 - 5 mars 2017]. [Paris] : Albin Michel : BNF éditions : Opéra national de Paris : AROP, les Amis de l'Opéra, [2016].
- AUCLAIR, Mathias. BARSACQ, Stéphane. Bakst, le magicien des couleurs. Montreuil : Gourcuff Gradenigo, 2023. 
 

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